Thierry CHURIN - Le château d'Alençon vers 1440
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                             la garde robe
 

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Fig 1(1637) : le château en entier et 
détail de la Garde robe

 
Dans les châteaux il y avait souvent une garde robe : bâtiment à fonctions multiples, à la fois administratif et stockage d'objets de relative valeur appartenant au seigneur: vêtements, fourrures... éventuellement aussi, l'atelier pour leur entretien.
La tour couronnée d'Alençon a dû assurer cette fonction jusque vers 1430. Puis un nouveau bâtiment en pans de bois a été construit, avant 1438. C'est celui que j'ai tenté de reconstituer à partir de textes d'archives, mais sans aucun dessin ancien. 
Ses fondations sont probablement à l'arrière de l'actuelle mairie, sous la cour dont l'entrée est gardée par deux lions 
en pierre.
Vers 1539, la garde robe est reconstruite en pierre, au même emplacement. 
Encore un siècle plus tard, un édifice rectangulaire qui peut lui correspondre, est dessiné sur la première représentation du château (fig 1, à gauche de la lettre B). C'est la seule image qui nous en soit parvenue.
Choix de restitution
 
Localisation : tout concorde pour placer la garde robe à proximité de la porte menant au Parc. Reste à choisir de quel côté : vers la mairie ou vers le donjon? 
Il y a plus de place vers le donjon mais la fig 1 la représente plutôt vers le fond de la cour. 
Sur ce document, son pignon est nettement en arrière de celui de la chapelle. Sur la foi de cette perspective, pour le reste assez juste, je choisis la localisation au nord du pont, mais sans certitude.
A noter que les Fig. 7 et 17 figurent une portion de courtine rectiligne et haute avec ammorce d'un angle bien droit à l'arrière d'une tour d'artillerie à parois assez minces. Le Queu (Fig 18), ne représente pas même la tour d'artillerie mais place un bâtiment rectangulaire à cet endroit, disposé comme la garde robe de la Fig.1.

Forme : Ma reconstitution n'est basée que sur les texte et je fais la supposition que la première garde robe avait sensiblement le même volume
que celle de 1539, représentée sur la Fig. 1. Le devis de cette dernière l'indique d'ailleurs pas de modifications importantes de dimensions et de forme et garde les deux niveaux. Il n'est par 
contre plus question de galerie et d'escalier extérieurs, ce que confirme la Fig. 1.

Les dimensions sont citées en 1678, mais ces mesures (6,50m et 5,80 m) ne sont pas orientées. Sont-elles seulement prises dans le même axe. Elles sont singulièrement modestes pour un bâtiment censé abriter tant de fonctions et de locaux distincts. Ces mesures prises sur des ruines sont peut-être celles de murs de refends. Les murs principaux, construits avec les meilleurs matériaux, sont parfois récupérés les premiers. 
Les mesures sont peut-être prises à l'intérieur des pièces en enfilade, sans compter les murs pignons et de refends (?).
Je choisis de restituer un pavé de 15,8m x 7m qui puisse correspondre à la perspective de la Fig. 1.

Sur la Fig 7, on voit que le parement extérieur du rempart, formant la tour 11, est dans  cette zone construit en lits superposés de granit et de blocage, comme la courtine reliant le pavillon d'entrée à la Tour Couronnée.  Même style, même époque ?
Je suppose que la première garde robe et la tour rectangulaire 11 forment en fait un seul et même bâtiment, en pierre sur la rivière pour avoir une bonne qualité défensive, et en pans de bois sur la cour, construit à l'économie en cette période de vaches maigres du début de l'occupation anglaise.
Cette fusion augmente d'autant les espaces habitables, d'autant plus que les escaliers, eux aussi communs, sont rejetés sur les extérieurs.

Hauteur : Les textes indiquent un rez de chaussée et un étage. Je suppose 3 m sous plafond pour chaque niveau avec un plancher épais de 30 cm.

Ouvertures, galerie et escalier : La Fig. 1 montre une toiture à 2 pentes éclairée par une fenêtre sur un pignon droit ce qui indiquerait un comble habitable. Il y avait donc aussi probablement des fenêtres sur le versant de la toiture côté cour. Les textes de 1438 mentionnent une galerie couverte de bois, avec goutières, et garnie d'un plancher (I. Chave 2003, p. 259-260). Elle sert à la communication par l'extérieur de la garde robe avec plusieurs "chambres". Je mets donc 3 portes latérales ce qui revient à respecter aussi la deuxième version du bâtiment. La galerie "reliait une chambre et ses lattrines situées sur l'arrière. Elle se prolongeait en escalier pour desservir les hourds. Un escalier (le même ?) fut posé en 1438 pour relier les chambres au jardin attenant.

La Garde Robe d'après I. Chave

  Localisation :

Il n’existe aucune représentation correcte, en plan, des aménagements du nord-ouest de l’enceinte. Le dessin de Le Queu et la restitution de Hédin, nettement inspirée de lui, sont à rejeter : à l’époque médiévale, au moins, les deux pôles résidentiels de la haute cour, et en particulier la maison de la garde-robe, se trouvaient chacun attenant aux remparts, déterminant l’existence d’un espace central dégagé (le prael)
(I. Chave, 1998, p. 127).
Les sources médiévales placent très nettement une maison de la garde robe le long des courtines donnant sur le parc, au niveau du pont du boulevard ; face, par conséquent, à l’ensemble chapelle, logis…
(voir texte de 1438). 


  Mensurations :

Le procès-verbal de 1678 mentionne en effet, vis-à-vis lad. Chapelle, l’existence d’une vieille ruine qui estoit autrefois une gallerie, dont ne subsistent alors que deux murs latéraux, longs de 20 pieds, accolée à un second édifice ruiné, de 18 pieds ; ce que représenterait encore la vue de 1637. Mais l’édifice avait , depuis le XV ème S. , subi déjà un remaniement important, attesté par un devis dressé en 1539, en vue de sa reprise totale en maçonnerie de pierre (voir devis de 1539).
  La description sommaire, donnée par le devis, de l’édifice préexistant correspond très vraisemblablement à l’aspect primitif de l’édifice : les sources médiévales permettent de penser que la garde-robe fut édifiée entre le début de l’occupation anglaise et le début des années 1430. 
La garde-robe de la haute cour est dite 
nagueres faicte de neuf en 1438
De plus, tous les travaux menés en 1438 à la maison de la garde robbe s’apparentent à des travaux de finition. L’édifice se composait de deux niveaux : un niveau de chambres basses, dans l’une desquelles on installe un plancher en 1438, supportait la maison même de la garde-robe, constituée également de chambres, pavées la même année (A.D. Orne, 4 409. 1438, 21 et 26 juin).
Les distributions extérieures de l’ensemble consistait d’une part, en une galerie de bois, dite faicte de neuf également, reliant une des chambres voisines de la garde-robe et son cabinet d’aisance (chambres aisiés), situé sur l’arrière, qui se prolongeait par un escalier pour communiquer avec le niveau des hourds du rempart ; et d’autre part, en un escalier de bois, mis en place entre le 15 juillet et le 15 septembre 1438, qui, des chambres de la garde-robe, descendait au jardin du château (B.N.F., Fr. 26 064, n° 3593. 1438, 10 oct).

 
 
 

Vue 48

voir l'animation vidéo autour de 
la garde robe

Voir la garde robe côté rivière, la tour 11 
et le pont vers le parc




 


vue 65
Texte de 1438 :
Item ont […] planché semblablement de carreaulx unes galleries par lesquelles on va d’une des chambres dud. chastel joignant a lad. maison de la garde robbe a unes des chambres aisiés estans ou derriere d’icelle chambre, et par lesquelles galleries hom monte par ung degré sur le hourdeys du mur dud. chastel qui est en droit du pont du boullevert du parc
(A.D. Orne, A 409. 1438, 21 juin).

 
 
 
 
 Devis de 1539 : 

Comme pour réparer une garde-robe qui est au bout de la chambre de feu monseigneur au château d’Alençon, laquelle estoit seulement de terrasseys et bricquerie, preste à ruyner et cheoir par terre, eust esté fait divis pour, au lieu dud. Terrasseys, fere ung pignon et costé de maçonnerie […] lesd. Maçons se sont submis et obligez fere lad. Garderobe et pignon, et cesle de pierre, chaux et chable, à bonne matière et suffisante, et fournir de tuille de Hertré […] ilz se pourront aider du boys qui est en icelle garderobe pour chauffauder seulement 

(A.D. Orne, 4 E 7039. 1539, 8 juin.



Fig 7

vue en perspective à partir des Promenades : 
 la tour rectangulaire 11 (à droite) est vue de trois quart. 
A remarquer sa construction en lits successifs de granit et de blocage.

 

vue 43

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